Témoignages
Marc Fouilland
Directeur de Circa
En s’inscrivant dans la diffusion professionnelle, un spectacle comme celui-ci propose plusieurs axes intéressants. Tout d’abord, sur le plan de la qualité artistique : on est dans un cirque différent, mais pas du tout dans du « sous cirque ». La mise en scène, la scénographie, le jeu des comédiens et les numéros sont tout simplement hyper pros. Il y a beaucoup de spectacles de cirque qui n’atteignent pas cette qualité ! Ensuite, il m’apparaît que l’interrogation sur les frontières, la différence et la monstruosité fait partie intégrante du cirque. « Complicités » est loin de toute monstration, et c’est une des clés du projet. Très loin de donner en pâture le spectacle de la différence, « Complicités » repose sur le fait d’être ensemble. On est dans le soutien, la transmission, l’entente, et chaque interprète le joue avec sa vie. Les artistes « normaux » soutiennent les artistes handicapés, et l’inverse se passe aussi.
Je pense au Cirque XY, qui propose un magnifique travail basé sur l’écoute. Comment transmettre ? Comment porter l’autre ? Il n’y a pas d’artistes handicapés dans ce projet, mais les questions sont finalement les mêmes : tous sont différents, et c’est cela qui fait la force du projet. On ne se pose pas la question de savoir qui est différent, qui n’est pas différent, qui est plus différent que l’autre… On rencontre des individus riches d’eux-mêmes.

Marc Celis
Directeur du Provinciaal Domein Dommelhof, à Neerpelt
« Dès que je me suis assis dans la salle du Théâtre Varia, pour l’une des toutes premières représentations de ‘Complicités’, j’ai ressenti une vraie chaleur de la part de tous les artistes en présence. J’ai été touché par le professionnalisme de chacun, que cela concerne le magnifique travail musical de Max Vandervorst, la disponibilité et l’inventivité des circassiens, les lumières, la scénographie et, bien entendu, les efforts accomplis pour permettre aux personnes handicapées mentales de devenir de vrais artistes de scène. Pour moi, ces artistes ne ‘jouent’ pas : ils sont eux-mêmes. Le travail s’est basé sur leur être ; par sa rigueur et son écoute, le projet a fait d’eux des professionnels.

Koen Allary
Directeur du Circus Centrum, Centre flamand des arts du cirque (Gand), et programmateur du festival Humorologie (Courtrai)
Tout le monde est égal, on est pris par un sentiment de fraternité. Il y a du respect pour les handicapés, mais aussi pour les circassiens et pour le public. En fait, j’ai eu l’impression qu’on formait une famille. Une famille où nous sommes tous des êtres humains, tout simplement. Dans nos sociétés, nous côtoyons des trisomiques. Ils sont là, non ? Et pourtant on les met à part. ‘Complicités’ a su prendre le temps de l’écoute et nous réunir par la douceur. C’est elle que l’on observe, plutôt que les différences. Qui est différent d’ailleurs ? Un circassien avec de drôles de cheveux et une vie de nomade ? Un trisomique ? Face au spectacle, on ne s’en soucie plus. Chacun est là pour qui il est. Tout le monde est normal !
Pour moi, c’est vraiment du cirque. Tout d’abord par l’utilisation des techniques, et puis par l’humour. Je suis convaincu que c’est plus important d’être touché par un spectacle comme celui-là que par quelqu’un qui jongle avec 40 balles d’un coup – il épate pendant 30 secondes et puis on s’ennuie… Avec ‘Complicités’, il y a une autre dimension. C’est un spectacle que je voudrais vraiment programmer, parce que c’est la fête. J’ai envie de partager cela avec le public. C’est un des meilleurs spectacles que j’ai vu ces cinq dernières années, toutes disciplines confondues.

Sylvie Sommen
Codirectrice du Théâtre Varia, à Bruxelles
J’ai l’impression que le public a envie de retrouver quelque chose qui le touche profondément, de vivre une sorte de retour vers l’enfance. Le spectacle est amusant, poétique. Il traite du non-prévisible, du non-attendu : de tout ce qui nous échappe et qui, ici, nous parvient naturellement… ‘Complicités’, c’est aussi un mélange de tout : de théâtre, de musique, de cirque… Il y a ‘complicité’ entre les genres et entre les gens, sur scène comme dans la salle. C’est magnifique ! Ça prend au-delà de toute espérance.

Fabrizio Gavosto
Directeur artistique du Festival Mirabilia de Fossano (Italie)
Le spectacle est non seulement extrêmement professionnel, mais il a une légèreté, une drôlerie et une spontanéité qui ont bouleversé le public. Les handicapés sont les premiers protagonistes du projet. Socialement et artistiquement, la leçon est forte : les compagnies évoquent souvent le manque de temps et d’argent pour entamer un projet engagé envers d’autres types de publics. Ici, ce qui a permis d’aboutir, c’est l’idée contraire : on fonce, et on verra bien ! La subtilité – l’humilité – de la mise en scène est une autre leçon.

Nadège Albaret
Collaboratrice Présence & Actions Culturelles
Il est rare qu’un spectacle évoque si bien son nom !
L’idée parfois classique « du processus vaut plus que le résultat » ne traverse pas une seule fois l’esprit. Le résultat « est ». Les artistes sont présents avec force et confiance face au public, même aux travers de leurs fragilités. L’écoute, l’attention, la présence aux autres sont palpables à travers les silences, les regards, les attitudes, les gestes. Entre l’imprévisible et le fruit d’un long chemin parcouru ensemble. Une succession d’instants, remplis d’humour, d’humanité, de générosité comme un cadeau.
Ces « instants » nécessitent une écoute absolue pour permettre à la création d’émerger. Et en cela, c’est un succès. Tous prennent des risques. Professionnels et non professionnels. La confiance en l’autre et en soi est là, filet qui permet de se dépasser.
Un tout, un collectif. Les frontières deviennent floues : qui est l’artiste, qui est le professionnel ? Les présences sur scène se valent. Cette confusion est aussi synonyme de cette réussite.
Ici, ce n’est pas le souci de performance, de scénographie, de travail sur le sens qui essaie de convaincre. C’est une multitude de moments qui se déclinent, se construisent, se montent, s’envolent à partir d’une base solide : celles de rencontres. Entre ceux qui maitrisent la technique et d’autres qui, le temps d’un travail sérieux, ont invité des personnes « extra-ordinaires » à se dépasser et à s’exprimer par des techniques circassiennes.
Pas des plus simples ! Et pourtant, ça marche…
Le résultat est solide et tient la route.
La force est là : ne pas tenter de copier d’autres spectacles, mais inventer, explorer un genre qui n’a rien à envier : tout à fait intéressant sur le plan de la technique, de la scénographie et qui ouvre vers une dimension plus « vraie ». Une sincérité différente…
Et surtout, c’est drôle. Le public rit, s’étonne, découvre, chemine aussi l’espace-temps de ce spectacle avec ces 18 artistes en scène. On peut rire de bon cœur. Car ce qui est donné à voir est fort de complicité, d’humanité, de cette volonté de se dépasser, d’y croire, de prendre du plaisir ensemble et de donner du plaisir aux spectateurs…

Francy Begasse
Metteuse en scène - Les Ateliers de la Lune Noire
"Ah, enfin du cirque qui n'est pas du cirque !
Nous recevons pendant toute la représentation de l'amour. Amour des ‘différents’ pour le public par la joie qu'ils ont d'être en scène et amour des accompagnants pour leurs ‘protégés’.
Nous sortons du spectacle heureux. C'est rare, surtout en cirque !
De plus, j'ai apprécié le comique des situations et me suis émue de nombreuses fois."
Guy Opsomer
Programmator - Cultureel Centrum de Schakel
"Het werd een schitterende voorstelling. Chapeau voor het vele werk dat verzet is door de gehele equipe. Het is duidelijk dat er zeer hard gewerkt werd om alle 'theatrale' mogelijkheden te halen uit de ploeg niet-professionele artiesten, maar vooral ook de samenwerking met de professionals is schitterend. Alles is mooi geproportioneerd met veel aandacht voor details, toch voldoende 'showelement', belichting, muzikale onderteuning enz...
Ook aan de totale regie werd hard gewerkt. Er zijn haast geen dode momenten, telkens gebeurt er iets of is er iets te zien. Spectaculaire momenten worden afgewisseld met meer poëtische passages of er is een leuke interventie van de drie presentatoren."

Ana Stegnar
Chorégraphe - Les Ballets du Grand Maghreb
"C'est du cirque joué sur les planches du théâtre, c'est du théâtre imprégné d'amour pour le cirque, c'est un spectacle plein d'humour et d'éclats de vie, c'est un travail sur la différence…
La mise en scène ne relativise pas seulement la différence entre artistes handicapés et artistes normaux, mais dévoile les différences entre les personnes handicapées, ce qui appuie sur la question de tolérance.
Chaque artiste handicapé est au cœur d'une scène où ses acquis techniques - qui sont parfois très importants - sont mis en valeur. En dehors de « sa » scène, dans des actions communes ou dans son 'endroit privé', il continue à avoir une existence scénique. Le fil rouge de son personnage n'est jamais rompu.
J'ai l'impression que chaque personnage émerge de ce qui s'est joué humainement et personnellement durant la période de création. Une expérience de vie qui va main dans la main avec une recherche artistique intense, exigeante.
Le spectacle est vraiment très drôle. On rit, mais on ne se sent pas amusés. On est complice de leurs rires, folies et délires qui nous sont donnés, non pas pour nous amuser, mais pour les partager. Les interprètes restent très entiers et fidèles à eux-mêmes. Et c'est beau à voir.
Ce qui est aussi très touchant et beau, c’est l'humilité des artistes complices, le respect et les supports qu'ils offrent aux artistes handicapés. Cela semble si évident, si naturel. L'échange qui demande une communication et une ouverture à l'autre est là, des deux côtés. Un beau spectacle !"



Franck Dinet
Artiste-pédagogue - Directeur du Samovar
"Bravo pour ce pari réussi et ces moments d'émotions. Ces clowns sont des maîtres pour les clowns qui s'y essayent ! Et j'ai adoré le trio aux chapeaux à plume…"



Marcel De Munnynck
"En répétition, j’ai déjà pu voir que le spectacle en élaboration était bien un résultat commun aux artistes de cirque, comédien, danseur, musicien et metteuse en scène originaire de notre monde professionnel et aux artistes différents qui en étaient la base : leurs idées s’imposaient comme évidentes avec l’effort nécessaire pour arriver à les réaliser. Certaines phases m’apparaissaient comme incompréhensibles, mais l’ensemble était prometteur et je sentais l’importance de cette mixité: les capacités des uns étaient au service des autres.
Au spectacle, c’est de plaisir qu’il faut parler. Plaisir évident des artistes, heureux de rencontrer un public, de jouer, de partager un bon moment. Plaisir des spectateurs qui se disent qu’en fait tous les artisans de ce spectacle sont différents, du trapéziste au jongleur, du musicien au bonimenteur, d’une chaîne de chromosomes à une autre. Que chacun a son rôle, qu’il tient du mieux qu’il peut, que rien n’est mièvre, rien ne part d’un sentiment charitable, mais tout est résultat.
Et on s’amuse, on se surprend d’arriver déjà à la fin. Avec une satisfaction de ces complicités qui sont une autre face d’une bien nécessaire solidarité : on va plus loin quand on peut compter sur les autres… et qu’on est prit au sérieux !"

Vladimir Couprie
Jongleur – Cie du Carré Curieux / Intervenant technique
« Ces artistes hors du commun sont motivés, surprenants et tellement sincères ! Ils sont brillants, généreux, curieux, aimables… Ils détiennent une force et une énergie si particulière qu'il serait dommage de ne pas la partager avec le public. »

Brigitte Petit
Administratrice du Théâtre Pépite - spectatrice au regard aiguisé
« J’ai été très touchée par l’humanité qui se dégage de l’équipe artistique. C’était émouvant de sentir la force des relations entre ces personnes. La connivence est telle qu’elle est palpable pour le spectateur. Cette volonté de partager avec les autres est tellement intense qu’elle va droit au cœur de celui qui réalise qu’il est privilégié d’avoir été invité parce que ce qu’il reçoit, c’est un cadeau, un cadeau pour le cœur. Il est si profondément touché qu’il est renvoyé à lui-même et qu’il s’interroge déjà sur cet univers de l’autre qu’il connaît si peu, si mal et qu’il a soudain envie de découvrir. Ce spectacle a du sens ! ».

Laurent Ancion
Journaliste – ARTE / 50° Nord - spectateur d'un filage (23.12.2010)
« On remonte la rue des Herkoliers, à Koekelberg, avec les pieds dans la neige boueuse et l'esprit un peu épuisé par l'hiver. On pénètre dans une salle grande comme une chapelle… et on s'envole. La rencontre entre l'Espace Catastrophe et le Créahm-Bruxelles apparaît comme une évidence : c'est parti pour une heure et demie de douceur, d'humour, de simplicité et de « Complicités », où les artistes handicapés mentaux ramènent le soleil sur la ville, main dans la main (souvent au sens propre) avec des artistes de cirque qu'on scrute soudain d'un œil nouveau. Où sont les différences ? Les manques ? Les handicaps ? Nos repères jouent à saute-mouton, s'amusant à créer la beauté là où la norme voudrait voir la disgrâce. Les saisons changent, il faut continuer à croire que les clichés que nous avons dans les yeux peuvent changer aussi. Ce n'était qu'un banc d'essai. Et c'est déjà l'été. Vivement la suite… »